Je reviens d’une des conférences les plus intéressantes, divertissantes, originales, éducatives et inspirantes de ma carrière en contenus et médias sociaux : VidCon 2015. Cet évènement annuel qui en est à sa sixième édition rassemble tout ceux qui sont intéressés par la créativité vidéo et par son potentiel commercial, de YouTube à Vimeo en passant par Vine.
Ces dernières années, les stars de YouTube ont supplanté les vedettes du cinéma et de la musique dans le cœur des jeunes. Car si vous ne savez pas qui sont Joey Graceffa, Hannah Hart, ou Tyler Oakley, les jeunes, eux, les connaissent et les vénèrent davantage que Beyonce ou Bieber. Même au Québec, la tendance est là, avec des YouTubers comme Alexandra Larouche (147 000 abonnés sur sa chaine lifestyle), Pierre-Luc Cloutier (plus 73 000 abonnés en à peine un an) et Cynthia Dulude (361 000 sur sa chaine beauté). YouTube n’est plus un hobby 2.0 : c’est le nouveau visage du divertissement. Des milliers de gens en font un travail à plein temps. Je suis convaincue que les marques qui ne se tourneront pas rapidement vers ce nouvel outil risquent de manquer de belles occasions d’affaires.
Je me plonge dans l’univers de Tyler Oakley au kiosque Taco Bell. Les lunettes venaient avec le décor.
Selon le magazine Variety, 8 YouTubers occupent le top 10 des personnalités publiques auxquelles les jeunes font le plus confiance. VidCon permet aux fans, aux créateurs et aux gens de l’industrie de se plonger dans le phénomène. J’y allais dans la dernière optique, avec un regard sur les deux autres univers. Car comprendre la dynamique créée entre les créateurs de vidéos, les consommateurs et les marques est primordial pour qui veut en faire profiter ses clients ou sa propre chaine.
Une jeune femme reprend son souffle après avoir fait l’expérience du parc de balles emoji Instagram (en prenant un selfie, bien entendu).
C’est dans le gigantesque Convention Center d’Anaheim que se déroule la conférence. Au premier étage, on retrouve les activités Community : des salles de présentations avec des tables rondes et des entrevues, des jeux, une salle où rencontrer ses YouTubers préférés (on doit s’enregistrer pour en rencontrer deux au maximum) et un grand salon où des exposants proposent des jeux, des entrevues avec des YouTubers, des articles dérivés et des expériences diverses. Ça me rappelle un peu le Salon Pepsi-Jeunesse d’autrefois, avec plus de selfie sticks.
Des tonnes de marchandises dérivées attendent les fans des chaines les plus populaires.
Au deuxième étage, le plus populaire, c’est le monde des Creators. On y propose des cas, des tables rondes, des ateliers techniques et des entrevues avec des Youtubers inspirants, dont plusieurs grands noms. On y a aussi accès au lounge Canon, qui comprend un green screen, un espace où faire du montage, de même que tous les appareils Canon en démonstration. Pas le temps de niaiser : même quand ils sont à une conférence, les créateurs diffusent. Inutile de vous dire que la WiFi de notre hôtel a planté plusieurs fois, la réception nous donnant comme explication « It’s VidCon. All the YouTubers are uploading. »
Un groupe de YouTubers parle des responsabilités entrainées par la création de contenus sur la santé.
Si votre chaine YouTube a du succès et que vous êtes en mode networking, ou si vous cherchez à lancer des projets pour une marque, je vous suggère cependant d’acheter la passe Industry, où les agences, grandes boîtes de marketing et machines à contenu se retrouvent. Avec un badge Industry, on a accès à tous les étages, ce qui permet d’explorer ces trois univers symbiotiques. On a aussi accès à un lounge qui offre le petit-déjeuner, des collations et un lunch léger (i.e. des sandwiches et des barres tendres) servis à chaque jour, de même qu’un accès au WiFi et quelques cocktails.
Le parcours Industry se situe au troisième étage. Ici, les sessions sont en mode biz dev, avec plusieurs tables rondes, des ateliers et des keynotes incroyables avec des gens comme Ze Frank de Buzzfeed (le original gangster de la vidéo virale, comme l’a si bien nommé Katie Couric pendant l’entrevue) et Susan Wojcicki, CEO de Youtube, qui nous a parlé de tout ce qui s’en vient pour YouTube cette année, dont un nouveau Play Button Diamond pour honorer les chaines qui atteignent les 10 millions d’abonnés, de la 3D et deux nouveaux studios YouTube Spaces (à Toronto et à Mumbai).
Côté affaires et médias sociaux, pour une fois, les ateliers étaient utiles et intéressants. On en ressort avec des tactiques qu’on pourra tout de suite appliquer à son travail. Je pense entre autres à la présentation Using Facebook to Generate Web Video Revenues donnée par Gavin McGarry et à l’atelier sur l’art de l’optimisation des thumbnails proposé par Jeremy Vest. Et je comprends enfin comment fonctionne Content ID!
Ze Frank et Katie Couric parlent de ce qui nous motive à partager des vidéos avec nos proches
Wojcicki présente le nouveau bouton play Diamond, remis aux chaînes qui atteignent les 10 millions d’abonnés.
Un autre niveau de badge existe et est réservé aux invités de la conférence : les badges jaunes V.I.P. majoritairement portées par les YouTubers. Ces badges donnent accès à un lounge Instagram exclusif de même qu’à des présentations proposées par YouTube à un club très sélect de créateurs populaires et émergeants. Les badges jaunes sont aussi un coup de fusil qui indiquent aux fans de commencer à courir pour essayer d’obtenir un autographe ou de prendre un selfie avec leur pref’. Ça donne aussi droit à des scènes cocasses/inquiétantes, où les jeunes s’empilent, iPhone dans les airs, sans savoir qui est la source de l’intérêt généralisé. Ici, le FOMO est très, très fort.
Joey Graceffa prend un selfie «Hunger Games» avec ses milliers de fans en délire.
Un groupe de créateurs Vine-famous répondent aux questions de fans, soumises via Twitter avec le mot-clic officiel de l’entrevue.
C’est un privilège d’assister à ce qui se passe dans le monde de la vidéo créative. Qu’on se le dise : la game a changé. Il n’y a plus de «si», c’est un fait. Auparavant, avoir un compte YouTube était davantage un hobby, ou encore une demo sur lequel misaient certains pour obtenir ensuite des contrats plus prestigieux en télévision ou au cinéma. Maintenant, c’est un boulot à part entière pour beaucoup de gens. Et ce boulot peut être très, très profitable : en 2014, le nombre de YouTubers qui génèrent un revenu Adsense dans les six chiffres a augmenté de 50%. Ajoutez à ça les vidéos commanditées, les livres, les apparitions publiques et les revenus provenant de la vente de produits dérivés (T-shirts, posters, apps, macarons), et on a droit aux premiers millionnaires de la vidéo autopubliée. Pour les nouvelles chaines, le défi est de se démarquer rapidement!
La chaine PlayerPiano se spécialise dans les interprétations de thèmes de jeux vidéos, émissions de télévision et films. Ceci est un piano, en passant.
Il y a même maintenant un gros risque que les compagnies traditionnelles de media manquent le bateau. À moins d’offrir des conditions gagnantes aux YouTubers, la majorité d’entre eux ne sont pas intéressés à faire du cinéma ou de la télé. Comme le mentionnait l’un d’entre eux à la conférence «Pourquoi est-ce que je signerais avec une chaine télé pour avoir la chance de faire moins d’argent et de céder les droits d’auteur sur mes contenus?»
Freddie Wong de Rocket Jump pendant le keynote de l’étage Creator.
Pour les marques, les opportunités de rayonnement sont sans fin, pour qui saura laisser les bons créateurs (ceux qui ont des affinités avec elles) parler à leurs abonnés à leur façon. Car rien ne tue une collaboration comme mettre des mots dans la bouche d’un influenceur. Ici, ce qui est important, c’est l’authenticité.
D-Trix, vedette de la danse et YouTuber populaire, tourne sa chaise pour ne pas se voir alors qu’on nous présente sur grand écran le cas Mountain Dew dont il est la vedette.
En terminant, j’aimerais partager avec vous qu’il est difficile de ne pas être inspiré par autant d’enthousiasme, d’intelligence et de succès. Pour une fois, le mot inspiration prend son sens et est plus qu’un mot-clic qui accompagne une citation entendue à la conférence et partagée distraitement sur Twitter. VidCon a nourri mon cerveau et mon coeur. J’en suis ressortie plus motivée que jamais à réaliser de grandes choses pour mes clients et pour mes propres projets.
D’ailleurs, je partagerai avec vous toute l’aventure VidCon en vidéo très bientôt sur ma propre chaine.
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